Addictions : le tournant 2024 pour préserver notre bien-être

par | Juil 3, 2025 | Santé

Addictions : le tournant 2024 à ne pas manquer pour préserver notre bien-être

Chaque jour, les addictions (dépendances, assuétudes) coûtent près de 200 morts évitables en Europe, selon l’Observatoire européen des drogues (rapport 2023). En France, les troubles liés à l’alcool ont augmenté de 12 % entre 2019 et 2023, un bond inédit depuis les années 1990. Ces deux chiffres, frappants, suffisent à comprendre l’urgence d’un nouveau regard. Rester passif ? Impossible. Mettre en lumière les solutions concrètes ? Indispensable.


Panorama 2024 : chiffres clés et signaux d’alarme

Les faits sont têtus, écrivait Lénine ; ils sont surtout utiles pour agir.

  • 8,5 millions de Français déclarent un usage à risque d’alcool (Santé publique France, janvier 2024).
  • Les paris sportifs en ligne ont progressé de 46 % en mises depuis 2021.
  • Le cannabis thérapeutique, testé dans 242 établissements, concerne déjà 3 000 patients (Ministère de la Santé, février 2024).

D’un côté, la normalisation sociale des “petites” consommations ; de l’autre, des signaux rouges : hausse des passages aux urgences pour alcoolisation aiguë chez les 18-24 ans (+18 % en 2023), explosion des cyberaddictions post-confinement. À Paris, l’Hôtel-Dieu sature deux nuits sur trois. Marseille et Lille observent la même courbe.

Les nouvelles formes de dépendance

  1. Addiction comportementale : jeux vidéo, réseaux sociaux, achats compulsifs.
  2. Substances émergentes : protoxyde d’azote (“gaz hilarant”), kétamine en soirée.
  3. Polydépendance : mélange alcool/stimulants, parfois couplé aux opioïdes (fentanyl importé).

L’INSERM estime qu’en 2024, près d’un usager sur cinq combine au moins deux substances, compliquant les parcours de soins.


Pourquoi les jeunes sont-ils les premiers touchés par les nouvelles addictions ?

La question revient sans cesse dans mes reportages de terrain. Trois facteurs clés se dégagent.

1. Hyper-connexion et dopamine facile

TikTok, Fortnite, Instagram… L’humain aime la récompense immédiate. La libération de dopamine se fait en 0,2 seconde après une notification. Chez un cerveau encore en maturation, le circuit de la récompense devient un autoroute sans péage.

2. Modèles culturels ambivalents

De James Bond sirotant son Martini à la série “Euphoria”, la pop culture glamourise l’ivresse. En 2023, 62 % des clips musicaux populaires contenaient au moins une référence à l’alcool ou à une drogue (CNRS, étude 2023).

3. Anxiété générationnelle

Crise climatique, instabilité économique, guerres. L’OMS rapporte une hausse de 25 % des troubles anxiodépressifs post-Covid. La substance ou l’écran devient refuge.

Mon anecdote : lors d’un atelier dans un lycée de Lyon, un élève de première m’a dit : « Le joint, c’est ma pause anti-panique. » Sa phrase résonne, crue, authentique.


Des thérapies innovantes : de la réalité virtuelle aux psychédéliques encadrés

Oui, l’offre de soin avance. Mais à quel rythme ? Regardons ce qui fonctionne.

La réalité virtuelle (VR) pour prévenir la rechute

À l’hôpital Bichat, depuis mars 2024, un programme VR expose les patients à des “situations-piège” simulées (bar, boîte de nuit). Résultat : –32 % de rechutes à six mois. Comme un entraînement mental façon “Inception”, mais au service du sevrage.

Les psychédéliques sous contrôle médical

Au Johns Hopkins Center (États-Unis) et à Bâle, la psilocybine fait l’objet d’essais cliniques pour l’alcoolisme sévère. Première étude publiée en août 2022 : 48 % d’abstinence complète à huit mois, contre 24 % sous placebo. La France, prudente, ouvre un comité d’experts mi-2024. Sigmund Freud, pionnier de la cocaïne thérapeutique (erreur historique), nous rappelle qu’innovation rime avec responsabilité.

Approche corps-esprit

  • Méditation pleine conscience (mindfulness) : réduction du craving de 28 % (meta-analyse 2023).
  • Activité physique adaptée : la Haute Autorité de santé recommande 150 minutes hebdo, endorphines à la clé.

D’un côté, on craint les dérives marketing. De l’autre, on observe un réel bénéfice clinique. La nuance est là : innovation ne doit pas rimer avec naïveté.


Comment se reconstruire après une addiction ?

Passons du macro au vécu individuel. Trois témoignages, trois leçons.

Camille, 34 ans, ex-alcoolique

« J’ai tenu un journal “gratitude + symptômes” chaque soir. En six mois, j’ai divisé par deux mes crises de craving. » Journaling, thérapie cognitivo-comportementale, soutien de son groupe AA : un triptyque gagnant.

Karim, 27 ans, joueur compulsif

Il suit le programme “Pause Pari” de l’ANJ : blocage des applications, coaching hebdo, et immersion sportive. En avril 2024, il boucle son premier semi-marathon de Bordeaux. L’endorphine remplace l’adrénaline toxique.

Chloé, 19 ans, dépendance aux réseaux sociaux

Curieusement, le jeûne numérique l’a aidée : 24 heures sans écran chaque week-end, puis extinctions progressives. Son sommeil a gagné 1 h 15 de durée moyenne (données montre connectée, mars-mai 2024).

Points clés pour le lecteur :

  • Faire diagnostiquer la dépendance (médecin, addictologue).
  • Construire un réseau de soutien (proches, associations, groupes en ligne).
  • Choisir une thérapie adaptée : TCC, EMDR, approches corps-esprit.
  • Se fixer des micro-objectifs (1 jour, 1 semaine, 1 mois).
  • Célébrer chaque victoire (dopamine saine).

Sevrage et santé mentale : un duo indissociable

L’Inserm rappelle : 60 % des personnes dépendantes présentent un trouble anxieux ou dépressif associé. Traiter l’un sans l’autre, c’est laisser la porte entrouverte. Les praticiens parlent d’“approche intégrée” : psychothérapie, pharmacologie (naltrexone, bupropion), nutrition anti-inflammatoire, sommeil réparateur. Ici, un lien naturel se crée avec d’autres thématiques du bien-être : alimentation intuitive, gestion du stress, respiration consciente.


Vers une société plus résiliente

Le Sénat français étudie, depuis février 2024, une proposition de loi pour afficher un nutri-score de l’alcool. Pendant ce temps, l’Islande expérimente l’interdiction totale des pubs pour jeux d’argent en ligne. Deux philosophies, un même but : casser le cycle d’incitation.

Hippocrate disait : “Avant de soigner quelqu’un, demande-lui s’il est prêt à renoncer aux causes de sa maladie.” Aujourd’hui, la cause est souvent multiforme : marketing agressif, précarité, solitude. Lutter contre les addictions, c’est questionner notre modèle de société, de la cour de récré à Netflix.


Rédiger sur les addictions, c’est comme marcher sur un fil entre lucidité et espoir. Les chiffres 2024 sont inquiétants, certes, mais les pistes de prise en charge n’ont jamais été aussi riches. Si cet article résonne, prenez une minute pour vous demander : quel premier pas concret puis-je poser dès ce soir ? La route est longue, je vous y accompagnerai, mots après mots, histoire après histoire.

Emilie Boujut

Emilie Boujut

Autrice de CRJE

👩 Émilie Boujut | Spécialiste en Santé & Jeux-Vidéo 🎮
📍 Basée en France | Expert en bien-être numérique et santé mentale
🎓 Diplômée en Psychologie Clinique et en Technologies Interactives de l’Université de Bordeaux
🏢 Ancien poste : Chercheuse en santé mentale appliquée aux technologies chez TechHealth Innovations
🎮 Intégration de la gamification dans la santé pour améliorer les traitements et la prévention
👟 Collaborations avec développeurs de jeux, cliniciens et chercheurs en santé
🌍 Passionnée par l’innovation en santé et l’impact des technologies sur le bien-être
💼 Conférencière et consultante en stratégies de santé liées aux nouvelles technologies
📸 #SantéNumérique #BienÊtreMental #JeuxVidéoEtSanté