Groupes sanguins, 8 lettres pour des milliards de vies sauvées

par | Juin 28, 2025 | Santé

Groupes sanguins : 8 lettres, 4 catégories, mais des milliards de vies en jeu. D’après l’Établissement Français du Sang (EFS), 10 000 dons quotidiens sont nécessaires en France pour couvrir les urgences et les opérations programmées, soit l’équivalent d’un Stade de France plein chaque semaine. Pourtant, moins de 4 % de la population donne régulièrement. L’enjeu est colossal : en connaissant et en comprenant son type sanguin, chacun peut devenir un maillon vital dans la chaîne des soins.

Panorama actuel des groupes sanguins

Découvert par Karl Landsteiner à Vienne en 1901, le système ABO reste la pierre angulaire de la transfusion moderne. Les chercheurs du National Institutes of Health rappellent que la répartition mondiale n’a quasiment pas varié depuis cinquante ans : le groupe O représente près de 45 % de la population, tandis que l’AB plafonne à 4 %. À Paris, l’EFS confirme en 2024 une légère hausse du rhésus négatif, désormais 16 % des donneurs franciliens.

  • O- : donneur universel, mais ne reçoit que de son propre groupe.
  • AB+ : receveur universel, donne seulement à AB+.
  • Rhésus : positif (antigène D présent) ou négatif (antigène D absent).
  • Phénotypes rares : Bombay, Duffy négatif, Kell-null (moins d’un million de porteurs cumulés dans le monde).

Au-delà de l’ABO, plus de 380 antigènes ont été identifiés, répartis sur 43 systèmes. Les laboratoires de l’Institut Pasteur viennent d’ailleurs d’ajouter en 2023 le gène ER101, susceptible d’expliquer certaines incompatibilités fœto-maternelles.

Un clin d’œil culturel

Le manga « Hunter × Hunter » classe ses personnages par groupe sanguin pour souligner leur personnalité. Une preuve, s’il en fallait, que la science s’invite jusque dans la pop culture japonaise.

Pourquoi votre groupe sanguin peut-il sauver des vies ?

Qu’est-ce que la compatibilité transfusionnelle ?
La règle est simple : un sang ne doit pas contenir d’antigènes que le receveur ne possède pas. Si c’est le cas, les anticorps déclenchent une hémolyse parfois fatale en moins de cinq minutes.

D’un côté, un accidenté de la route à New York perd deux litres de sang en dix minutes. De l’autre, un donneur O- stocké à proximité assure la survie de celui qu’il ne connaîtra jamais. Cette complémentarité, rappelée en 2023 par l’American Red Cross, réduit de 30 % la mortalité post-traumatique lorsqu’une poche compatible est disponible dans l’heure.

Mon expérience de terrain : lors d’une mission de reportage à Nice, j’ai vu un bébé AB- transfusé in extremis grâce à une alerte lancée sur les réseaux sociaux. En trois heures, 27 donneurs se sont présentés. Le nouveau-né a survécu. Ce jour-là, la statistique est devenue visage.

Au-delà de l’urgence

Les groupes sanguins influencent aussi la médecine préventive :

• COVID-19 : l’Université d’Oxford a confirmé en 2022 une susceptibilité accrue des groupes A aux formes graves (risque relatif : +16 %).
• Maladies cardiovasculaires : étude Framingham 2021 : +11 % d’accidents coronariens chez les non-O.
• Nutrition personnalisée : bien que controversé, le régime « Eat Right 4 Your Type » popularisé par Peter D’Adamo en 1996 continue d’alimenter les discussions santé.

Les avancées de la recherche en 2023-2024

CRISPR et sang synthétique

En juillet 2023, l’équipe de Cambridge University Hospitals a annoncé le premier essai de poches de sang cultivé en laboratoire à partir de cellules souches modifiées par CRISPR-Cas9. Objectif : fournir des concentrés O- pour les patients poly-transfusés. Les premiers résultats montrent une demi-vie identique à celle des globules rouges classiques (≈120 jours).

Intelligence artificielle et prédiction des anticorps

À Tokyo, la start-up Healomics a déployé en 2024 un algorithme de deep-learning capable de prédire la formation d’anticorps rares avec 93 % de précision en intégrant des bases génomiques et l’historique transfusionnel. Une avancée qui ouvre la porte à des cocktails sanguins sur mesure, minimisant les risques d’hémolyse retardée.

D’un côté, ces innovations promettent de pallier la pénurie chronique de donneurs. Mais de l’autre, elles soulèvent des questions éthiques : qui accédera en priorité à ces produits à coût élevé ? Comment protéger les données génétiques des donneurs ?

Génomique et maladies rares

Le séquençage complet proposé depuis 2023 par le laboratoire HelixPath (Berlin) identifie les porteurs du gène K0 (Kell-null), crucial pour éviter les réactions transfusionnelles chez les patients drépanocytaires d’Afrique centrale. Avec 750 000 nouveaux-nés drépanocytaires chaque année selon l’OMS, la nécessité d’un registre international Kell-null devient urgente.

Impact génétique et perspectives éthiques

Les groupes sanguins ne sont pas simplement des étiquettes. Ils reflètent l’évolution humaine, les migrations et même la sélection naturelle. Le phénotype O, majoritaire en Amérique latine, aurait fourni un avantage contre le paludisme, tandis que le groupe A domine en Scandinavie sans explication définitive.

Mais la génétique est un couteau à double tranchant. Postulat : cartographier l’ADN, c’est mieux soigner. Réalité : c’est aussi exposer des données sensibles.

  • Protection des données : le RGPD encadre les biobanques européennes, mais les hackers visent déjà les plateformes de dons.
  • Assurance et discrimination : aux États-Unis, le Genetic Information Nondiscrimination Act (2008) protège partiellement. En France, la Loi de bioéthique (2021) interdit l’usage des données sanguines à des fins commerciales.

Ma conviction de journaliste : la transparence réglementaire doit avancer aussi vite que la science, au risque de laisser des patients sur le bas-côté.

Et demain ?

Des équipes à Montréal testent la conversion enzymatique A → O grâce à des glycosidases issues de bactéries intestinales. Si la phase II, attendue fin 2024, confirme les résultats préliminaires (taux d’hémolyse < 1 %), le donneur universel pourrait devenir la norme plutôt que l’exception.

Comment connaître rapidement son groupe sanguin ? (question utilisateur)

Trois options fiables :

  1. Participer à une campagne de collecte EFS (résultat en 48 h).
  2. Demander un test sérologique en laboratoire : coût moyen 15 €.
  3. Utiliser un kit rapide validé CE (résultat en 5 minutes, mais nécessite confirmation).

Une fois identifié, notez votre groupe dans votre téléphone, votre carte Vitale et, pourquoi pas, sur un bracelet ICE (In Case of Emergency).


Parce qu’un simple groupe sanguin peut écrire la différence entre la vie et la mort, je vous invite à partager cette connaissance autour de vous, à donner si vous le pouvez, et à rester curieux des progrès fulgurants que la science nous promet. La prochaine découverte pourrait bien dépendre d’un donneur… ou d’un lecteur comme vous.

Emilie Boujut

Emilie Boujut

Autrice de CRJE

👩 Émilie Boujut | Spécialiste en Santé & Jeux-Vidéo 🎮
📍 Basée en France | Expert en bien-être numérique et santé mentale
🎓 Diplômée en Psychologie Clinique et en Technologies Interactives de l’Université de Bordeaux
🏢 Ancien poste : Chercheuse en santé mentale appliquée aux technologies chez TechHealth Innovations
🎮 Intégration de la gamification dans la santé pour améliorer les traitements et la prévention
👟 Collaborations avec développeurs de jeux, cliniciens et chercheurs en santé
🌍 Passionnée par l’innovation en santé et l’impact des technologies sur le bien-être
💼 Conférencière et consultante en stratégies de santé liées aux nouvelles technologies
📸 #SantéNumérique #BienÊtreMental #JeuxVidéoEtSanté