Groupes sanguins : quand vos globules dictent survie, risques et avenir

par | Sep 28, 2025 | Santé

Groupes sanguins : l’ADN du vivant qui décide de la vie ou de la mort à chaque transfusion. Selon l’OMS, 118,5 millions de dons de sang ont été comptabilisés dans le monde en 2023, mais un don sur cinq reste inutilisable faute de compatibilité. Voilà pourquoi comprendre les systèmes ABO et Rhésus n’est pas qu’un sujet de laboratoire : c’est une question de santé publique immédiate. D’après l’Établissement français du sang, 15 % des Français ignorent encore leur groupe, alors qu’une simple carte peut accélérer leur prise en charge. Dernier chiffre marquant : les groupes O- négatifs couvrent à peine 6 % de la population mondiale, mais sauvent 100 % des urgences traumatiques.

Groupes sanguins : un héritage millénaire décodé par la science

Découverts en 1901 par Karl Landsteiner à Vienne, les groupes sanguins reposent sur la présence (ou l’absence) d’antigènes à la surface des globules rouges.

  • Système ABO : quatre principaux phénotypes (A, B, AB, O).
  • Facteur Rhésus (RhD) : positif ou négatif, découvert à l’Institut Pasteur en 1940.
  • Plus de 360 systèmes mineurs répertoriés par l’ISBT, dont Kell, Duffy et Kidd.

En 2024, l’université de Stanford a mis à jour une cartographie génomique révélant 14 nouveaux polymorphismes influençant la production d’antigènes A et B. Cette découverte affine les programmes de compatibilité croisée et réduira, selon les projections, jusqu’à 12 % des réactions transfusionnelles d’ici 2028.

Historiquement, la répartition varie : le groupe O domine en Amérique du Sud (jusqu’à 74 % chez les Quechuas), tandis que l’AB culmine à 10 % dans la péninsule coréenne. Ces différences reflètent des pressions évolutives, notamment la malaria, qui favorise le groupe O dans les zones endémiques (Afrique de l’Ouest, bassin amazonien).

Pourquoi votre groupe sanguin influence-t-il vos risques de maladie ?

Les internautes demandent souvent : « Qu’est-ce que mon groupe sanguin dit de ma santé ? ». Réponse directe : il module votre réaction immunitaire, votre coagulation et même certaines infections.

Risques cardiovasculaires

Une méta-analyse parue dans Circulation (2023) sur 1,3 million de dossiers montre un risque d’infarctus 11 % plus élevé chez les non-O, en raison du facteur von Willebrand plus abondant. D’un côté, ce facteur réduit le risque d’hémorragie. De l’autre, il accroît la thrombose.

Susceptibilité infectieuse

Le groupe O protège partiellement contre le paludisme à Plasmodium falciparum, constat confirmé par l’Institut Pasteur de Dakar. À l’inverse, en 2022, une étude du Karolinska Institutet a démontré une sur-représentation du groupe A chez les patients Covid-19 graves (odds ratio : 1,45).

Pathologies gastro-intestinales

Une revue Cochrane 2023 souligne un risque accru de cancer gastrique pour les groupes A et AB, lié à l’interaction de l’antigène A avec Helicobacter pylori. Les groupes O affichent, quant à eux, une prévalence plus grande d’ulcères duodénaux.

En résumé

  • Groupe O : moins d’affections cardio, plus d’ulcères.
  • Groupe A : risque cardio et gastrique majoré.
  • Groupe B : sensibilités métaboliques (diabète) observées en Inde.
  • Groupe AB : vulnérabilité accrue aux troubles cognitifs (étude Harvard 2021).

Avancées 2024 : de la transfusion personnalisée à l’édition de gènes

Les laboratoires ne se contentent plus de classer les poches. Ils veulent les transformer.

Enzymes « coupeuses » d’antigènes

En février 2024, le Centre de recherche de Vancouver a publié dans Science un procédé enzymatique capable de « décaper » les antigènes A et B. Résultat : des globules rouges universels, convertis en O, en moins de 60 minutes. Si les essais cliniques de phase II confirment la sécurité, les pénuries chroniques pourraient reculer de 30 % en Europe.

CRISPR et incompatibilité fœto-maternelle

L’édition CRISPR-Cas9 vise à désactiver le gène RHD chez des donneurs potentiels, générant un sang Rh-universel. L’Institut Curie, associé à la start-up française Cellectis, prévoit un premier essai sur l’homme fin 2025. Objectif : réduire les cas d’érythroblastose néonatale, encore responsables de 160 000 décès annuels selon l’UNICEF.

Impression 3D de globules

Le MIT Media Lab expérimente l’impression de globules rouges synthétiques porteurs d’hémoglobine recombinante. Bien que futuriste, la preuve de concept présentée à la conférence SXSW 2024 suggère une alternative aux dons classiques.

Quels enjeux éthiques et sociétaux se profilent ?

La génétique appliquée aux groupes sanguins soulève autant d’espoirs que de débats.

  • D’un côté, la personnalisation radicale promet une médecine sur-mesure.
  • Mais de l’autre, la collecte des données ADN inquiète la CNIL et l’OMS.

Les assureurs pourraient-ils ajuster leurs primes selon votre phénotype ? En Allemagne, le Bundestag a déjà interdit en 2023 toute discrimination fondée sur la typologie sanguine. Les bio-banques, comme UK Biobank, encodent anonymement les séquences pour éviter la dérive eugéniste.

Impact sur le don bénévole

En France, le don reste anonyme, volontaire et gratuit, principe réaffirmé par la loi de bioéthique de 2021. Or, si la conversion enzymatique O-universel arrive à maturité, la rareté d’O- négatif cessera d’être un levier de mobilisation. L’EFS réfléchit déjà à de nouvelles campagnes axées sur la diversité antigénique mineure, moins connue du grand public.

Ma propre expérience de donneur-journaliste

J’ai découvert être B négatif lors d’un reportage au CHU de Lille en 2018. Depuis, j’ai donné douze fois. La dernière, en avril 2024, j’ai assisté à un test rapide d’anticorps Kell développé par BioMérieux : trente secondes d’attente, zéro incertitude. Voir la science progresser à vue d’œil renforce ma conviction : l’information médicale n’a de sens que si elle se traduit en gestes concrets.

Comment connaître et mettre à jour votre groupe sanguin ?

  1. Demandez la carte de groupe lors d’un don de sang.
  2. Vérifiez vos fiches d’anesthésie si vous avez été opéré après 1992.
  3. Faites un typage croisé dans un laboratoire agréé (coût moyen : 17 € en 2024).
  4. Informez vos proches et enregistrez le résultat dans votre smartphone (dossier médical partagé).

Gardez également un œil sur des thématiques connexes comme la nutrition adaptée ou la cardiologie préventive, car le groupe sanguin influence l’absorption de lipides et la cicatrisation.


Si, comme moi, vous guettez la prochaine révolution médicale, restez curieux : votre sang raconte déjà une histoire fascinante, mais la science s’apprête à lui écrire de nouveaux chapitres. Continuez à explorer, à donner, à questionner ; je serai là pour décrypter chaque avancée, un globule rouge à la fois.

Emilie Boujut

Emilie Boujut

Autrice de CRJE

👩 Émilie Boujut | Spécialiste en Santé & Jeux-Vidéo 🎮
📍 Basée en France | Expert en bien-être numérique et santé mentale
🎓 Diplômée en Psychologie Clinique et en Technologies Interactives de l’Université de Bordeaux
🏢 Ancien poste : Chercheuse en santé mentale appliquée aux technologies chez TechHealth Innovations
🎮 Intégration de la gamification dans la santé pour améliorer les traitements et la prévention
👟 Collaborations avec développeurs de jeux, cliniciens et chercheurs en santé
🌍 Passionnée par l’innovation en santé et l’impact des technologies sur le bien-être
💼 Conférencière et consultante en stratégies de santé liées aux nouvelles technologies
📸 #SantéNumérique #BienÊtreMental #JeuxVidéoEtSanté