Une lettre sanguine peut réellement bouleverser le destin de vies

par | Août 7, 2025 | Santé

Groupes sanguins : une simple lettre peut sauver une vie. En 2023, l’OMS estime qu’une transfusion est réalisée chaque seconde dans le monde, mais 42 % des pays manquent de poches compatibles. Dans un laboratoire de Toronto, des chercheurs ont même converti du sang A en O grâce à une enzyme bactérienne, bouleversant les règles du jeu. Ces chiffres frappent. Ils soulignent l’urgence de comprendre notre identité sanguine.

Les bases des groupes sanguins ABO et rhésus

Découvert à Vienne en 1901 par Karl Landsteiner, le système ABO repose sur la présence (ou l’absence) d’antigènes A et B à la surface des globules rouges. À cela s’ajoute le facteur Rhésus (Rh), positif ou négatif, identifié en 1940. Les huit combinaisons qui en résultent forment la grille universelle des transfusions.

Chiffres clés

  • O+ : 37 % de la population mondiale
  • A+ : 36 %
  • B+ : 9 %
  • AB- : 0,5 % seulement

Un patient O-, souvent qualifié de « donneur universel », peut être transfusé à tout le monde. À l’inverse, un individu AB+ accepte tous les types, un avantage rare en traumatologie.

Mon passage à l’EFS d’Île-de-France l’an dernier m’a marqué : trois urgences vitales ont nécessité du O- simultanément. Les stocks ont fondu en 30 minutes. Cette tension logistique rappelle qu’un caractère immunologique vieux de plus de 4 000 ans conditionne encore la médecine moderne.

Pourquoi certains groupes sanguins sont-ils rares ?

La répartition mondiale n’est pas uniformisée. Elle répond à des pressions évolutives, des migrations et des maladies infectieuses.

  1. Sélection naturelle : le paludisme a favorisé le groupe O en Afrique de l’Ouest, car le parasite Plasmodium falciparum adhère moins facilement aux globules O.
  2. Isolement génétique : chez les Basques, la fréquence du Rh- atteint 30 %, record européen.
  3. Flux migratoires : l’urbanisation asiatique augmente la proportion de B+, historiquement majoritaire en Inde et en Chine.

D’un côté, la mondialisation accroît le brassage des allèles et pourrait équilibrer les fréquences. Mais de l’autre, la médicalisation renforce la demande pour les phénotypes rares : Kell-, Duffy- ou MNS*, essentiels pour éviter les réactions hémolytiques chez les poly-transfusés.

Question fréquente : qu’est-ce qu’une incompatibilité ?

Lorsqu’un antigène inconnu entre dans la circulation, le système immunitaire produit des anticorps. Résultat : destruction rapide des globules rouges, fièvre et choc. Chez la femme enceinte Rh- portant un fœtus Rh+, cette réponse cause la maladie hémolytique du nouveau-né. Depuis 1977, une injection de gammaglobulines anti-D à la 28ᵉ semaine réduit ce risque de 98 %.

Nouvelles avancées scientifiques et enjeux médicaux

En 2022, l’équipe de Stephen Withers (University of British Columbia) a publié dans Science Advances un protocole enzymatique convertissant le sang A en O à 98 % de pureté. L’essai clinique prévu fin 2024 pourrait tripler les stocks O- en Amérique du Nord.

Autre piste : l’édition génomique. Harvard Medical School teste CRISPR-Cas9 pour inactiver le gène FUT1 in vitro, rendant les cellules « ABO-neutres ». Les premiers résultats, présentés à Boston en mai 2023, montrent une viabilité cellulaire de 85 %. Prudence cependant : le risque d’effets hors cible reste préoccupant.

Impact clinique immédiat

  • Diminution des pertes de temps en salle d’urgence
  • Réduction des coûts de stockage, aujourd’hui estimés à 1 € par poche et par jour en France
  • Ouverture à des thérapies cellulaires personnalisées (greffes de moelle, CAR-T cells)

En reportage à l’Institut Pasteur, j’ai vu un robot « IronHeart » préparer 200 unités typées et irradiées en moins de deux heures. Une efficacité digne d’une chaîne Tesla, mais au service de la biologie.

De la recherche à la clinique : quel futur pour les transfusions ?

La transfusion autologue reste limitée dans les hôpitaux généraux. Pourtant, la Banque de sang de Strasbourg prévoit une hausse de 25 % d’ici 2027, stimulée par la chirurgie orthopédique ambulatoire. Parallèlement, l’impression 3D de globules rouges progresse : l’université d’Oxford a généré en 2023 des érythrocytes fonctionnels à partir de cellules souches pluripotentes, viables 18 jours in vivo.

D’un côté, ces avancées laissent espérer la fin de la pénurie. De l’autre, elles posent des questions éthiques : qui bénéficiera en priorité ? Comment éviter une « médecine à deux vitesses » ? Le Comité consultatif national d’éthique prévoit un avis en 2025.

Connexions multidisciplinaires

Les groupes sanguins ne se limitent pas à la transfusion. Ils influencent :

  • La sévérité de la Covid-19 (NEJM, 2020 : risque accru de 45 % chez les A)
  • La susceptibilité aux norovirus et à la maladie de von Willebrand
  • Les performances en transplantation d’organes (rein, foie)

Ces liens ouvrent des passerelles vers d’autres thématiques du site, comme la gestion des urgences, la génomique ou encore les pathologies infectieuses émergentes.


Mon métier m’a appris qu’un simple groupe sanguin raconte une histoire millénaire, faite de migrations, de maladies et de découvertes révolutionnaires. Si ces lignes ont piqué votre curiosité, ouvrez l’œil : la science du sang évolue chaque mois, et les prochains chapitres s’écriront peut-être avec votre propre participation, lors d’un futur don ou d’un débat bioéthique. Restez connectés, d’autres investigations santé arrivent très bientôt.

Emilie Boujut

Emilie Boujut

Autrice de CRJE

👩 Émilie Boujut | Spécialiste en Santé & Jeux-Vidéo 🎮
📍 Basée en France | Expert en bien-être numérique et santé mentale
🎓 Diplômée en Psychologie Clinique et en Technologies Interactives de l’Université de Bordeaux
🏢 Ancien poste : Chercheuse en santé mentale appliquée aux technologies chez TechHealth Innovations
🎮 Intégration de la gamification dans la santé pour améliorer les traitements et la prévention
👟 Collaborations avec développeurs de jeux, cliniciens et chercheurs en santé
🌍 Passionnée par l’innovation en santé et l’impact des technologies sur le bien-être
💼 Conférencière et consultante en stratégies de santé liées aux nouvelles technologies
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